Par Ambassadeur Stanley Lucas
Sans une note officielle du département d’état ou de l’Ambassade américaine à Port-au-Prince, les informations fournies par des oligarques en Haïti à la presse locale, ont fait savoir que le Sous-Secrétaire d’Etat pour l’Amerique Latine et la Caraïbe Brian Nichols, a été écarté du dossier haïtien.
Ces informations non-officielles sont l’image du manque de discipline de la politique américaine en Haïti et des luttes de clans à Washington sur le dossier. Jean Bertrand Aristide, Ariel Henry, les oligarques du secteur privé haïtien, Michel Martelly mènent une lutte d’influences sans précédent à Washington à travers leurs lobbyistes qui ont accès à l’exécutif et au Congrès.
Les échanges publiques entre Brian Nichols et l’ancien envoyé spécial du Président Biden, Ambassadeur Daniel Foote sur leurs préférences respectives, l’un Ariel Henry et l’autre Fritz Jean ne présageaient rien de bon. Le “retrait” soudain de Foote sur Twitter annonçait un nouveau coup. Deux semaines après ce “retrait” la nomination de l’ancien sénateur Christopher Dodd comme Conseiller du Président Joe Biden pour l’Amerique était annoncée.
Cette lutte d’influences est aussi menée à Ottawa. Marjorie Michele ancien bras droit d’Aristide est cheffe de cabinet adjointe du Premier Ministre Justin Trudeau et Nancy Roc ancienne porte-parole d’Aristide mènent le combat de règlements de comptes au Canada sur le dossier des sanctions. Ils sont appuyés par le réseau d’Aristide là-bas portant le nom de Canada Haïti Action Network (CHIP).
Les puissants oligarques de Petion-Ville maîtres des gangs et impliqués dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse veulent préservés le système de monopoles et d’apartheid économique. Ils ont fait savoir dans la presse locale, que l’ancien sénateur Christopher Dodd nommé récemment comme Conseiller du Président Joe Biden pour la région sera le négociateur en chèf sur le dossier d’Haiti. L’information a été véhiculée de cette pour diminuer aux yeux des haïtiens, ce noir américain du département d’état, Brian Nichols. De fait, ces oligarques contestent la politique du Président Joe Biden contre le racisme systémique.
Rappelons que l’ancien sénateur Dodd selon le Wall Street Jounal est considéré comme le meilleur ami d’Aristide à Washington. Ce qui fait de lui à la fois juge et partie. Cette réalité rendra son travail très difficile. Ce qui compliquera aussi son travail, c’est Dodd qui avait écrit un éditorial dans le Miami Herald le 29 Mars 2010 pour demander de mettre Haïti sous occupation. L’éditorial signé par lui était titré “Place Haïti under trusteeship”. L’idée de l’époque était de mettre Haïti sous tutelle et de nommer l’ancien Président Bill Clinton, gouverneur d’Haiti. Les haïtiens étaient totalement opposés à cette proposition d’occupation à l’époque comme ils le sont encore aujourd’hui suite aux efforts des oligarques corrompus d’Haiti pour forcer une occupation militaire canadienne. Ce refus de l’époque avait provoqué la création de la Commission Intérimaire de Reconstruction (CIRH) toujours présidée par Clinton.
Cette situation de luttes de clans dans les grandes capitales qui n’a rien à voir aux aspirations du peuple haïtien continuera à alimenter le nationalisme locale et les refus des propositions venant de l’extérieur.

Les “accords” encouragés entre oligarques et politiciens corrompus et assassins que veulent certains étrangers qui ont des intérêts économiques personnels en Haïti vont continuer à alimenter les crises. Ariel Henry est impliqué dans l’assassinat du Président Moïse. Il n’a ni légitimité ni soutien populaire pour faire partie de la solution. Il fait partie du problème. De même que Fritz Jean qui est corrompu. C’est pour cette raison qu’il n’a pas été ratifié par le parlement en Mars 2016 quand Privert l’a désigné comme Premier Ministre. Le journaliste Gary Olius a présenté la corruption de Fritz Jean dans l’article intitulé, “Le Premier Ministre nommé, la société civile et l’or de la banque de la république d’Haïti”
https://www.alterpresse.org/spip.php?article19768

Ces dits “accords” ne font que delegitimer le système politique haïtien consacré par la constitution et écarter le peuple des décisions politiques. Cette approche de favoriser des “ententes” entre oligarques et politiciens corrompus et assassins est autocratique. Ce constat est préoccupant dans un contexte international où l’affrontement se fait entre la démocratie et l’autocratie.
La solution à la crise se trouve dans l’article 149 de la constitution. Après l’assassinat du President Moïse, le prochain président, le 59èm, devra obligatoirement être élu par le peuple. En attendant les élections, c’est un premier ministre et son cabinet qui gèrent le pouvoir exécutif. Pour sortir de cette crise, il faut conformément à l’article 149 de la constitution, trouver un nouveau premier ministre de consensus et un cabinet inspirant confiance capables de rétablir la sécurité et organiser les élections pour retourner Haïti à l’ordre constitutionnel dans un délai ne dépassant pas quatorze mois. Toute autre solution ne fera que faire perdurer la crise.
*Ambassadeur Stanley Lucas était le Conseiller Spécial du Président Jovenel Moïse